Pour la première exposition de sa programmation 2002, ALaPlage met à nouveau en place une exposition de groupe, forme à laquelle nous tenons particulièrement, car elle permet la rencontre dartistes autour d'un projet particulier. Situation prononcée pour cette exposition car un collectif cest spécialement formé à cette occasion. Contrairement à la précédente exposition vanités contemporaines il ne sagit pas dune réunion dû au commissariat de lexposition autour dun thème ou dun procédé de travail, mais bien dune démarche collective destinée à faire uvre commune autour du travail dexposition ayant eu lieu à ALaPlage durant lannée 2001.
Le projet consiste à inaugurer le calendrier des expositions 2002, sous la forme rétrospective des sept expositions présentées en 2001 à ALaPlage.
Cest dabord un travail de peinture, lié à limagerie générée par ces événements, quon pourrait classer dans le genre «scènes de galerie». Ce qui relève déjà dun certain cérémonial. Comme si cette représentation picturale cherchait à magnifier les situations issues de lart contemporain en Midi-Pyrénées, en les figeant, selon le procédé immuable et «laborieux» que représente aujourdhui lacte de peindre.
Quest-ce quun peintre? Un vieux métier oublié depuis Duchamp, un état desprit subversif, refusant la concession inéluctable, le recyclage formel que la société contemporaine sapplique à en faire via la publicité, faisant de lart un produit à marketer, avec une forte plus-value.
A ce fatras cérémonial mais ou et donc or ni car, donc, un peu pompeux et mortuaire, on a préféré une fuite du temps plus désinvolte, pour ne pas dire plus quotidienne... car cest cela qui nous intéresse finalement: le quotidien dALaPlage.
Dailleurs, afin de contrebalancer lidée dun asservissement de nos images au compte dALP, alors que le discours des nouveaux espaces dexposition se tourne vers le «no limit» (ce qui semble ne pas gêner nombre dartistes à sautocensurer dans la monstration, alignant leur travail à hauteur dyeux comme cela leur à été enseigné à lécole dart) tout lespace de la galerie va être investi : murs, sol, plafond, baies vitrées, hall dentrée, recoins ...
Différents modes dexpression et de présentation vont être mis en oeuvre: bien que la peinture figurative domine, une large place sera accordée à une peinture environnementale, ainsi quà un travail dinstallation. Le tout sera étayé par une performance sonore (live le soir du vernissage) exploitant des sources concrètes et musicales, en relation avec la notion de temporalité qui réside au coeur du projet.
Cette diversité des propositions, définie en collaboration avec le collectif ALP, tente de répondre de la multiplicité des niveaux de lecture quimplique un tel sujet.
Car au fait de restituer, après se les être appropriées, les pièces dautres artistes, et ce dans un certain esprit voyeuriste, va se superposer une présentation des traces visuelles de son activité, en préservant le côté promotionnel avec lequel ALP le collectif aime jouer, autant dans ses performances que dans son travail dédition : 7 expositions pour le prix dune! Le tout avec un supplément gratuit sur les coulisses dALP, avec modem, plantes vertes et serpillières ....
Un champ de confusion risque de sétablir entre les modes du souvenir collectif et du souvenir individuel. Quest- ce qui appartient à qui? Quest ce qui représente quoi? Le souvenir dun moment, les pièces retranscrites, volées par nos soins, au compte dALP qui les rediffuse par notre entremise, sous une nouvelle forme?
Le fait de se poser de manière critique face aux enjeux de ce projet, nempêche pas de se livrer en même temps à un ultime travail de mémoire, une volonté de revenir en arrière sur une suite dévénements, avant de «se détacher and save» dans les archives (ou sur le site)...
Il sagit daboutir à une désorganisation apparente dans le travail, comme celle, subjective, du souvenir. Quelque chose qui se morcelle, dans une impression déclatement par rapport au sujet, tout en ne se référant quà lui.
Comme on peut le voir dans ce texte de présentation du projet alaplace par le collectif alaplace, nous sommes confrontés à un regard porté en arrière. Un passé proche mais surtout vécu. Ici nous navons pas à faire face au souvenir que lon range mais plus à lactivation dune mémoire.Les artistes du collectif ont assisté aux vernissages de chacune des expositions quils ont documenté en les photographiant lors des inaugurations mais aussi ensuite. Ce travail de collecte dimages a permis de réaliser toutes ces peintures de type «scènes de galerie» qui seront installées dans lespace de ALaPlage sur tous les murs rebut. Le mur principal et ses 20m de long, espace où se trouvent généralement les pièces originales, est lui oblitéré à la peinture noire, vierge de tout accrochage. Le plafond lui est le support dune fresque pixélisée noir et blanc (pour rappel sur 80% de lespace de ALaPlage le plafond est seulement à 2m de hauteur).
Nous nous trouvons totalement immergés, cernés par un environnement pictural. Ce parti pris dune préhension totale et pensée de lespace ne peut que nous rassurer sur une position ferme et contemporaine de la peinture, même si ce médium est ici choisi (en corrélation avec la problématique) plus pour son rapport au temps que pour sa qualité intrinsèque de matériau.
Pour finir il faut souligner la liberté prise par rapport au droit à limage permettant la mise en place dun sampling pictural alimenté par le travail dun an dexposition à ALaPlage, redonnant corps aux pièces dans une lecture qui saffranchit de toute citation en introduisant un traitement personnel et subversif de ce que peut être une exposition de peintures aujourdhui.
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